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Faire participer à la transition écologique: un cadre d’analyse

Ce rapport propose un cadre d’analyse synthétique des processus participatifs mis en œuvre dans les démarches de transitions écologiques, leur design et le rôle du citoyen en leur sein.

Par Amélie Monfort, chercheure postdoctorale pour la Chaire Participations Médiation Transition citoyenne. 

Objectifs du rapport

Dans le cadre de son travail, Amélie Monfort s’est intéressée aux différents processus et dispositifs participatifs mobilisés dans le cadre des transitions écologiques. Face à la multiplication des démarches qualifiées de « participatives », souvent hétérogènes et difficilement comparables, son rapport offre un cadre d’analyse pour mieux appréhender leurs logiques de conception et de déploiement, ainsi que les formes d’écocitoyenneté qu’elles contribuent à encourager. Elle s’est particulièrement intéressée à deux dimensions de ces processus:
  • le design participatif: pourquoi, comment et pour quels publics le processus est-il pensé?
  • le rôle du citoyen au sein de ces dispositifs et processus.

Conclusions du rapport

L’analyse du design participatif en première partie a d’abord montré que les processus ne sauraient être réduits à de simples dispositifs techniques : ils reposent sur des choix de conception fondamentaux. Ces choix concernent les finalités assignées à la participation, les publics visés, ainsi que les niveaux et moments d’implication, qui déterminent la part de contrôle réellement partagée entre porteurs et participants. Les replacer dans leur domaine d’application (environnement, culture, recherche, etc.) rappelle aussi que la participation est une pratique transversale, dont les usages et la portée prennent sens dans des contextes sociaux, politiques, organisationnels et/ou environnementaux spécifiques. Ainsi envisagé, le design participatif structure profondément la nature de l’expérience et les dynamiques qui en découlent. Rendre visibles ces différentes composantes permet de dépasser l’usage trop générique du qualificatif « participatif » et d’offrir des clés pour concevoir, analyser et évaluer les processus, dans le contexte ici de la transition écologique.
Cette analyse a mis en lumière en deuxième partie que les processus participatifs véhiculent toujours, explicitement ou implicitement, une certaine conception du rôle des citoyens dans la transition, et donc de l’écocitoyenneté, plus ou moins (dé)politisée. Ces conceptions s’articulent elles-mêmes à des visions contrastées de la transition écologique, loin d’être un cadre consensuel : d’un côté, une transition de rupture vis-à-vis du modèle socio-économique dominant ; de l’autre, une transition plus « maîtrisée », qui cherche à verdir la continuité de ce modèle. Selon leur design, les processus participatifs tendent ainsi à favoriser des formes d’écocitoyenneté individuelle et dépolitisée – centrée sur la responsabilisation et la transformation des comportements quotidiens – ou, au contraire, des formes d’écocitoyenneté collective et politisée – centrées sur la remise en question des structures sociales et économiques.
Le cadre d’analyse proposé vise à aider non seulement les porteurs de processus, mais aussi leurs bénéficiaires et évaluateurs, à s’orienter dans cette « nébuleuse participative » de la transition écologique. Situer chaque processus dans ses choix de design et dans la vision de l’écocitoyenneté (et de la transition) qu’il tend à refléter – volontairement ou non – permet de mieux en apprécier la pertinence et la portée. Car si la participation est désormais omniprésente dans le champ de la transition, elle ne peut être réduite à un simple assemblage de méthodes : elle constitue un levier politique majeur, indispensable pour concevoir des démarches à la hauteur des défis écologiques contemporains, capables de soutenir de véritables transformations collectives.