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Rapports de stage
Le Vison d’Europe et ses acteurs avec l’IFREE
Ce travail est le résultat d’un stage de Master 2 « Gestion de l’Environnement » parcours stratégie de développement durable et périurbanisation (ERPUR) de l’Université de Rennes. Au cours de ce stage, Axel Saleun a été accueilli pour une période de 6 mois, de mars à septembre 2025, au sein de l’Institut de formation et de recherche en éducation à l’environnement (Ifrée). Ce stage a fait l’objet d’un co-encadrement par l’Ifrée et la Chaire Participations, Médiation, Transition citoyenne de La Rochelle l’Université.

Rappels des objectifs du stage
L’Ifrée est une association au service des territoires et de leurs habitants. Il accompagne les acteurs locaux dans leurs démarches de transition écologique et leurs projets liés à l’environnement, à l’éducation à l’environnement et à la participation citoyenne.
L’Ifrée mène un projet en partenariat avec l’OFB (Office Français de la Biodiversité) visant à développer des éléments de communication, à concevoir une stratégie éducative et à conseiller sur la mise en place d’espaces de dialogue dans le cadre du du 3ème Plan National d’Actions en faveur du vison d’Europe (2021-2031). Ce plan est coordonné par la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) Nouvelle-Aquitaine et son animation est réalisée par l’OFB (Office Français de la Biodiversité) et le GRIFS (Groupe Recherche et d’Investigation Faune Sauvage).
Le vison d’Europe (Mustela lutreola) est en régression importante en Europe depuis le début du XXème siècle avec une perte de son aire de distribution estimée à 90 %. En France, le vison d’Europe est encore présent dans un grand quart Sud-Ouest. Classée en « danger critique d’extinction » par l’UICN avec une tendance générale de déclin, l’espèce bénéficie de plans nationaux d’action (PNA) depuis 1999.
Le programme national d’actions se décline sur deux échelles de territoire et de temps :
– Depuis fin 2024 : préparation des premières réintroductions prévues pour l’automne 2025 autour de 4 sites Natura 2000 en Charente et Charente-Maritime (phase d’expérimentation)
– Fin 2026 : déploiement d’un programme LIFE sur l’ensemble du territoire couvert par le 3ème PNA (soit 11 départements actuellement) pour poursuivre sur le long terme les réintroductions et renforcer la population française de visons d’Europe
Au-delà des préoccupations techniques de cette démarche, la réussite d’un plan de réintroduction est reliée à des éléments humains, individuels et sociaux, intégrant les différentes perceptions du rapport à l’environnement naturel et anthropisé. La compréhension des catégories de pensée et des logiques d’action des différents acteurs concernés par ce programme est donc essentielle à son déroulement. Les recommandations de l’UICN et les retours d’autres expériences en Estonie démontrent la nécessité de préparer ces projets de translation en lien, notamment, les habitants du territoire concerné. Les perceptions plurielles de l’espèce méritent une attention particulière afin de comprendre la diversité des points de vue et d’identifier les points d’incompréhension, de désaccords, voire de conflits, et donc de déterminer les actions à développer dans le cadre de l’élaboration du programme d’actions. Des leviers de communication, d’éducation ou de dialogue pourront être proposés.
C’est dans ce contexte qu’Axel Saleun a reçu trois principales missions:
– Réaliser un état de l’art sur les représentations des vivants non-humains, et les modalités de prise en compte dans les programmes de réintroduction d’espèces voire des programmes de conservation plus largement.
– Construire et réaliser une enquête sociologique auprès des différents publics concernés par le projet de réintroduction du vison en Nouvelle-Aquitaine afin d’identifier et de comprendre la pluralité de leurs représentations et attentes : identification des publics concernés et des terrains pertinents pour l’enquête, réalisation de l’enquête de terrain (production et analyse des entretiens).
– Enrichir la réflexion de l’Ifrée et des porteurs du programme par des recommandations sur les aspects à traiter dans le cadre de démarches de communication et d’éducation ainsi que sur les problématiques à aborder dans le cadre de dispositifs participatifs pour mieux intégrer les publics dans l’élaboration et la mise en oeuvre du programme.
Résumé du rapport de stage
Le Vison d’Europe (Mustela lutreola), considéré comme le mammifère le plus menacé du continent et classé en danger critique d’extinction, fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière en France. Dans ce contexte, le troisième Plan National d’Actions (PNA) en faveur du Vison d’Europe, déployé sur la période 2021-2031, vise à renforcer les mesures de conservation sur le territoire français. Pourtant, l’expérience montre que la réussite de ce type de programme repose sur une coopération et une coordination entre une diversité d’acteurs, qu’ils soient institutionnels, professionnels ou issus de la société civile. Cela suppose de prendre en considération leurs préoccupations et de développer des démarches de communication, de sensibilisation et d’accompagnement adaptées. Or, en raison de la méconnaissance générale de cette espèce, il demeure difficile de cerner avec précision les perceptions des acteurs. C’est précisément pour répondre à cette difficulté qu’une enquête sociologique a été menée auprès des parties prenantes en lien avec le Vison d’Europe.
Les résultats révèlent que leurs représentations ne se construisent pas uniquement à partir des caractéristiques propres à l’animal, mais aussi de la symbolique qu’il incarne. Ils mettent également en lumière que le PNA nourrit parfois des dynamiques de positionnement et de concurrence entre acteurs, tout en soulevant des questionnements plus larges liés à la gestion des espèces exotiques envahissantes et au rôle de l’intervention humaine dans la conservation.
Ces résultats visent à offrir des clés de compréhension aux professionnels de l’éducation à l’environnement, leur permettant d’élaborer des stratégies éducatives adaptées et de formuler des recommandations en matière de sensibilisation et d’accompagnement.