Du 3 au 15 février 2025, notre doctorante Éléonore Sas* a mené ses expérimentations de 3ème année de thèse en Sciences du design et Géographie humaine. Son objectif : évaluer dans quelle mesure sa nouvelle version du jeu sérieux Mon lopin de mer accompagne ou non la déconstruction du rapport à la nature des joueurs ? Pour ce faire, elle a organisé 4 ateliers réunissant au total 13 étudiants de La Rochelle, issus de différentes structures et disciplines.

 

Une nouvelle version de Mon lopin de mer ?

Au début de sa thèse, Éléonore avait démontré que de jeu de société sérieux Mon lopin de mer (LIENSs, IFREMER, Petits Débrouillards), dans sa forme initiale, n’aidait pas les joueurs à déconstruire leur façon d’exprimer leurs pensées ou d’interagir avec la nature littorale représentée dans le jeu. Cela était notamment dû au fait que les concepteurs du jeu n’avaient pas pris de recul quand à leur propre rapport à la nature. De ce fait, celui-ci s’était reflété dans leurs choix de design du jeu, influençant ensuite les joueurs dans le même sens.

Pour remédier à cela, Éléonore a conçu une autre version de Mon lopin de mer en travaillant spécifiquement sur ce sujet, à travers différents niveaux du design du jeu (graphisme, vocabulaire, mécaniques de jeu…).

 

Cette version se structure en trois étapes (voir illustration ci-dessous) inspirées de Derrida, l’auteur à l’origine du concept de “déconstruction” (déconstruire une pensée pour pouvoir la reconstruire autrement ensuite) :

1. État des lieux / Renforcement : confronter son propre rapport à la nature, parfois de manière stéréotypée, pour en prendre conscience.
2. Renversement : découvrir une vision différente afin de se déstabiliser.
3. Neutralisation : Prendre du recul sur ces deux premiers moments, identifier une voie intermédiaire, via un atelier de réflexion et de création.

 

Schématisation des 3 étapes du jeu.

 

4 séances d’expérimentation menées

Au cours de quatre séances de jeu, 13 étudiants répartis en 3 groupes ont testé cette version.

Les données ont été recueillies à l’aide de caméras (orientées vers les tables) et de dictaphones, et seront analysées dans les mois à venir. Éléonore a observé en direct les deux premières étapes avant d’en animer la troisième.

 

Photographie de l’étape 1 du jeu.

 

Les résultats de ces expérimentations porterons principalement sur :

• La pertinence de cette nouvelle version du jeu
• Les impacts visibles des petits changements du design sur les actions et les paroles des joueurs quant à leur rapport à la nature
• La caractérisation des différents rapports à la nature exprimés selon les étapes et les moments du jeu

 

Photographie de l’étape 2 du jeu.

 

Par exemple :

• L’utilisation de pictogramme réifiants et catégorisants (en étape 1), contre des illustrations uniques, réalistes et esthétiques (en étape 2) a-t-elle influencé l’empathie exprimée par les joueurs envers les vivants représentés ? Ou bien leur façon de considérer ces vivants comme étant remplaçables ou non ?
• Ou bien, la présence (étape 1) ou non (étape 2) de bordures de couleur sur les tuiles, différenciant les tuiles “biodiversité” des autres, a-t-elle influencé les groupements de tuiles spontanés des joueurs ? Ou bien leurs arguments quant aux tuiles à conserver ou à écarter ?
• Et qu’est-ce que cela dit de leur rapport à la nature et de l’influence du jeu sur celui-ci ?
• Qu’est-ce que leurs idées de nouveau jeu (étape 3) révèlent de leur rapport à la nature à la suite des deux étapes précédentes ?

 

Photographie de l’étape 3 du jeu (atelier de réflexion et de création). En a), la prise de conscience par les joueurs des effets de design influençant leur rapport à la nature dans le jeu. En b), les participants en train de prototyper un bout de jeu pour proposer un autre rapport à la nature à travers leur version du jeu.

 

 

Il faudra encore quelques mois pour en savoir davantage…

En attendant, nous remercions chaleureusement tous les participants !

 

 

 

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* Éléonore Sas est aussi la rédactrice des Chroniques Docterrestres sur ce site.